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RETOUR AU BUREAU POST-COVID

Mis à jour le 02 mars 2021 à 07h55

télétravail-crise

Depuis près d’un an, les salariés et les entreprises ont dû se plier à de nouveaux modes de travail hybrides pour respecter les mesures sanitaires suite à la crise du coronavirus. Nombreuses sont les entreprises qui réfléchissent actuellement au mode d’organisation de travail qu’elles adopteront à l’issue de la pandémie.

A quoi ressemblera le travail dans une ère post-Covid ? Et quels sont les désirs des salariés et des entreprises pour l’après-crise ?

À QUOI ASPIRENT LES SALARIÉS ?

2 salariés français sur 3 seraient en faveur du travail hybride

Les quelque 200 collaborateurs français interrogés sont loin de voir la vie en rose, puisque 45% d’entre eux se disent désenchantés concernant leurs conditions de travail actuelles. Malgré tout, deux tiers des salariés français, plébiscitent le travail hybride, réparti entre différents lieux (maison, bureau, tiers-lieu), et souhaitent le voir adopter de manière durable dans leurs entreprises à la fin de la pandémie.

Le travail hybride semble la solution la plus adaptée pour répondre aux cinq priorités des collaborateurs post-crise : 

– avoir un bon équilibre de vie, 

– être connecté à sa communauté de travail, 

– travailler dans une entreprise qui fait attention à leur santé physique et mentale, 

– être soutenu par leur employeur dans un mode de vie plus sain,

– trouver du sens dans leur travail.

94% des collaborateurs veulent revenir au bureau

Autre fait remarquable de l’étude : la crise a révélé l’attachement des salariés à leur bureau. 94% des collaborateurs de l’Hexagone souhaitent revenir travailler sur site après la crise, contre 74% dans le monde. Le bureau demeure « the place to be » pour échanger avec ses collègues, manager et être managé, collaborer sur des projets et résoudre des problèmes complexes.

« Avant la crise, on parlait beaucoup de bonheur au travail, aujourd’hui c’est surtout de santé dont il est question. Mais est-ce qu’une ambiance aseptisée suffira à faire revenir les talents au bureau ? Nous avons voulu comprendre les nuances individuelles, et la façon dont le rapport à l’employeur et l’appétit pour le télétravail dicte les attentes vis-à-vis du bureau », explique Flore Pradère, directrice Recherche Entreprises de JLL, à Challenges.

Quatre profils de travailleur aux attentes spécifiques

Les entreprises devront donc se réinventer pour répondre aux besoins de différents profils de salariés, qui réclament une approche sur-mesure. L’étude a identifié quatre profils-type de collaborateurs auxquels les employeurs devront apporter des solutions adaptées.

 

  • Le travailleur traditionnel (35% des Français interrogés)

Assez conservateur, le travailleur traditionnel n’a pas goûté son expérience du travail à distance. Peu engagé vis-à-vis de son entreprise, il exprime peu d’attente de la part de son employeur. Adepte du retour au fonctionnement d’avant-crise, il souhaite retourner au bureau pour rencontrer ses collègues et souligne l’importance des espaces de socialisation sur son lieu de travail.

 

  • Le fan du bureau (37% des Français interrogés)

En recherche de flexibilité, ce salarié souhaite travailler au bureau 3 à 4 jours par semaine. Dans l’idéal, il aimerait adopter la semaine de quatre jours. Engagé et épanoui dans son entreprise, il veut vivre une expérience exceptionnelle au bureau : être choyé, surpris, émerveillé… Cela passe par la mise en place de services tels que des services de restauration premium, des espaces dédiés au bien-être (spa, salle de méditation, de sieste…), au sport ou à la santé (consultation de kinésithérapeute, de nutritionniste…). Mais également par l’implantation d’espaces verts : terrasse arborée, potagers…

 

  • L’addict du bien-être (22% des Français interrogés)

Sa priorité absolue : sa santé et son bien-être au travail. Il n’envisage pas de revenir au bureau plus de deux jours par semaine. Et, lorsqu’il le fait, c’est notamment pour avoir à sa disposition une multitude de services pratiques pour l’aider dans son quotidien : conciergerie, pressing… Ce salarié doit faire l’objet d’une attention particulière de la part de sa hiérarchie car il est dans une situation d’attentisme, souvent désenchanté et inquiet pour l’avenir. 

 

  • Le travailleur libéré (6% des Français interrogés)

Déjà travailleur nomade avant la crise sanitaire, le travailleur libéré confirme son engouement pour le 100% remote. Il y voit une opportunité de se mettre au vert. A la fois guidé par la peur du virus et l’aspiration à un meilleur équilibre de vie, il se sent moins bien soutenu par son entreprise que la moyenne des salariés et fait partie des moins épanouis au travail.

SANTÉ ET ZOOM FATIGUE

Des réunions de travail aux apéros, les visios sont incontournables depuis un an. Une omniprésence qui devient source d’épuisement mental. Se lever tard, éviter les transports bondés et travailler en pyjama. C’était sympa au début. 
Si fin 2020, un tiers des salariés du privé étaient en télétravail, en moyenne 3,6 jours par semaine, la satisfaction pour ce mode de travail a baissé, passant de 8/10 fin 2019, à 7,2/10 en décembre selon une enquête CSA pour Malakoff Humanis publiée ce mardi 9 février.  Sentiment d’isolement, manque de motivation et de concentration : le télétravail a ses limites. Et entre la gestion périlleuse des devoirs du petit dernier, l’interminable speech de sa collègue Sophie et le livreur pressé au pas de la porte, s’ajoute un nouveau mal : la Zoom fatigue.

La "zoom fatigue", c'est quoi ?

Entre les « conf-calls », les appels avec les clients et les apéros visio en fin de journée – couvre-feu oblige -, les visioconférences ont laissé s’installer une fatigue mentale. Plus que la simple fatigue visuelle, liée au fait de rester des heures immobile devant son écran, ces appels vidéo ont fait naître un sentiment d’épuisement, source de stress. 

Les visioconférences à rallonge affecteraient notre condition mentale et physique. C’est ce qu’a montré une étude menée par l’Université des sciences appliquées de Ludwigshafen. Chez nos voisins allemands, 60% des employés de bureau subissent ce phénomène d’épuisement mental, dont 15% de façon permanente.

Un naturel oublié

En plus de devoir supporter tous les jours le reflet de nos visages, souvent déformés, dans le retour-écran, s’ajoutent le manque de signes de communication non-verbaux et autres bugs techniques. Les relations sont dénaturées, le naturel est oublié.

Les conséquences ? Elles sont de nombreuses et toutes très sympathiques : des difficultés de concentration, de l’irritabilité, des maux de tête et de dos en passant par des douleurs aux membres et à l’estomac. Rien de mieux pour être au top … Pour réduire cette fatigue, pas de solution miracle : l’étude invite simplement à limiter le nombre de réunions, leur durée et le nombre de participants. Rien d’extraordinaire donc, mais un premier pas pour prendre soin de sa santé mentale.

LES SECTEURS D'ACTIVITÉ CONCERNÉS

La ministre du Travail a pointé du doigt les domaines d’activité où le recours au travail à distance a baissé de manière significative au cours des derniers jours.ans un courrier adressé mercredi 3 février aux partenaires sociaux, la ministre du Travail, Elisabeth Borne, leur a demandé « de veiller à ce que les instances de dialogue social se réunissent sans délai au sein des entreprises pour définir les modalités selon lesquelles la mise en oeuvre du télétravail doit être renforcée ».

Une nette érosion du recours au télétravail

Et ce, afin de contrer le net recul du travail à distance constaté dans certaines organisations depuis début janvier alors que la situation sanitaire demeure préoccupante. Certaines entreprises ont, en effet, eu une interprétation extensive de l’annonce gouvernementale autorisant les salariés « qui en expriment le besoin » de revenir un jour par semaine au bureau.

Une étude Harris Interactive a mis en lumière que 36% des salariés pouvant réaliser leurs tâches à distance n’ont pas télétravaillé la semaine du 18 au 24 janvier, contre 30% la semaine du 2 au 8 novembre.

Le télétravail doit rester une priorité

La Ministre du Travail a rappelé que le télétravail « doit rester la règle pour l’ensemble des activités qui le permettent ». Elle a également pointé du doigt les mauvais élèves : les secteurs de la banque/assurance, de l’information/communication, juridique, audiovisuel et comptable. Elisabeth Borne a annoncé qu’elle rencontrerait les représentants de ces branches professionnels.

LES CONTRÔLES VONT S'INTENSIFIER

Pour contrer la baisse du nombre de télétravailleurs, les contrôles de l’inspection du travail vont être renforcés dans les entreprises et des sanctions pourront être prononcées le cas échéant.

Seuls 64% des salariés pouvant télétravailler le faisaient en janvier 2021 contre 70% en novembre dernier. La dernière enquête d’Harris Interactive pour le ministère du Travail démontre une nette baisse du recours au travail à domicile. Or, le télétravail généralisé semble plus que jamais nécessaire pour éviter un troisième confinement, a rappelé le Premier ministre, Jean Castex, vendredi 29 janvier.

Alors que 16% des actifs souhaitant télétravailler se voient opposer un refus de la part de leur employeur, les contrôles de l’inspection du travail vont s’intensifier afin de sanctionner les entreprises qui ne jouent pas le jeu.

Des mises en demeure en cas de non-respect du télétravail

Début février, Élisabeth Borne a indiqué que les services du ministère du Travail se tenaient prêts à « conseiller les entreprises et, le cas échéant, à les sanctionner ». Les inspecteurs du travail vont ainsi faire le point avec toutes les sociétés de plus de 1 000 salariés afin de savoir comment elles mettent en œuvre le télétravail. Ce dispositif avait déjà fait ses preuves lors du deuxième confinement. Une nouveauté cependant : ces contrôles concerneront désormais également des entreprises de taille plus réduite et seront davantage ciblés en fonction des secteurs d’activité.

En cas de non-respect du placement en télétravail des salariés pouvant réaliser leurs tâches à distance, les entreprises pourront être mises en demeure. Jusqu’à présent, seule une trentaine de mises en demeure ont été dénombrées pour non-respect du télétravail. Un avertissement qui suffit, le plus souvent, à remettre les fautifs sur le droit chemin.

Jouer le jeu du télétravail pour éviter un 3e confinement

De son côté, le Medef a également appelé les entreprises à pratiquer le télétravail par la voix de son président délégué, Patrick Martin, invité de France info : « Chacun doit prendre ses responsabilités et surtout prendre sur soi pendant quelques semaines. Notre message auprès de nos 173.000 adhérents et 10 millions de salariés, c’est Faites contre mauvaise fortune bon coeur, jouez le jeu, et incitez vos salariés à jouer le jeu aussi (…) J’insiste là-dessus, ce que nous vivons actuellement n’est certainement pas le pire sur le plan économique, social et médical, par rapport à un confinement comme au printemps dernier ».

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